« Les méchants que l’on adore détester ».

Rien que ça. Alex a décidé d’être plus cool ce mois-ci et on se retrouve avec un sujet qui pourrait presque passer pour simple. Presque. Parce qu’on n’a évidemment le droit qu’à 5 noms, c’est la mort dans l’âme qu’il a fallu faire du tri…

Commençons avec…

Numéro 5 : Le Dr. Robotnik.

 

NON. N’insistez pas, je ne l’appelerai jamais Eggman. Jamais. JAMAIS. Cette espèce de nom atroce est une insulte faite à un grand génie du mal dont j’ai apprécié quasi toutes les rencontres.

Finalement un des premiers boss que j’aie eu à affronter dans ma vie de joueur, Robotnik est par conséquent un monument à mes yeux. Ponctuant la fin de certains actes, chaque combat face à lui se fait contre un robot de son cru. Je ne vous listerai évidemment pas toutes les machines qu’il a su créer pour écraser un seul hérisson bleu (il faut vraiment qu’il se trouve un hobby…) mais rien que le boss final de Sonic 2 est une ode à la bravoure et à l’épique (celui de Sonic 3 aussi, avec sa musique, mais je me cantonne au 2) !

Nous voilà lancé dans un niveau sans le moindre anneau. C’est déjà chiant en soi, puisqu’au premier coup, on meurt. En plus, on se paye un premier sous-boss, un hérisson robot qui a les moyens de nous envoyer ad patres. Et une fois défait, il laisse place à un Robotnik robotisé géant qui pique très fort !

Le battre reste pour moi un des moments les plus agréables tant ce n’était pas forcément évident à l’époque d’y arriver.

Numéro 4 : Liquid Snake.

  

Liquid Snake est un petit peu à part dans cette liste dans la mesure où il n’est pas totalement méchant au sens strict du terme. Alors bien sûr, il a un bon lot de saloperies à son actifs (et j’ai la nette impression que Phantom Pain va allonger la liste), mais il a des convictions très fortes et implacables, une sorte d’idéal de liberté à atteindre. Cet idéal est par la suite en partie repris par Solidus, qui témoigne de la même force de caractère quand il s’agit d’arriver à ses fins.

Il s’agit, du point de vue de Solid Snake, de la figure adverse, d’une mission à achever. Mais dans le monde de Metal Gear Solid, un monde de combat, l’ennemi d’aujourd’hui aurait pu être un allié si les choses avaient été différentes. C’est ce que Kojima essayera de faire passer tout au long de sa saga, il n’y a pas réellement de bons ou de mauvais, juste des gens qui se battent pour des causes différentes, des idéologies qui s’entrechoquent… Et Solid Snake (et, par extension, le joueur) en plein milieu qui se fait souvent manipuler quand même.

Justement, au rang de ces manipulations et du point de vue du joueur, Liquid Snake est forcément un méchant, c’est le boss final, il a commis une série d’actes qu’on pourrait gentiment qualifier d’inamicaux (entre quelques meurtres réussis et énormément de tentatives de nous tuer, notamment avec un hélicoptère, on est servi). Et on a l’occasion de se frotter à lui plus d’une fois dans des affrontements plus épiques les uns que les autres !

Je garde en mémoire la seconde partie de notre combat contre un Liquid engoncé dans le Metal Gear Rex, la musique est dramatique, on vient de perdre un allié inestimable, un des mentors de Solid Snake. On est là, avec notre lance-missile quand Liquid occupe confortablement le cockpit d’un robot géant équipé d’ogives nucléaires, de mitraillettes, de roquettes et de laser découpeur de chair. Autant dire que vous comme moi à situation égale, on ne ferait pas long feu.

Et cette musique, j’insiste dessus, qui joue en arrière-plan, donnant des dimensions épiques et importantes à notre combat. Rien qu’entendre les notes me fait frémir et est en soit une des raisons qui me font adorer ce boss.

Alors, on finit par en voir le bout, on triomphe… Pour mieux se retrouver torse-nu à recommencer un duel à la force des poings contre notre Némésis. Ce jeu est énorme. L’enjeu scénaristique est d’autant plus important que gît à quelques pas de là le corps de Meryl dont on ignore encore si elle a survécu ou non à la torture (enfin, lors de la première partie, quoi…). Il faut impérativement se défaire de Liquid pour avoir une chance de la tirer de là.

Sans Liquid Snake, Metal Gear Solid n’aurait vraisemblablement pas la même saveur, il est à l’origine des événements de Shadow Moses et représente un adversaire calculateur, puissant dont on ignore les limites jusqu’au bout… Si le deus ex machina (ou presque) de la fin n’avait pas eu lieu, il y a fort à parier qu’il n’y aurait plus eu de Solid Snake pour une MGS 2.

Numéro 3 : Le Seigneur de la Terreur.

  

Il a beau nous dire tout au long de l’aventure qu’on n’arrivera à rien, qu’on ne pourra pas le battre et qu’il a déjà gagné, il n’empêche que j’ai une affection toute particulière pour Diablo.

J’ai affronté petit Diablinou pour la première fois il y a une quinzaine d’années sur Diablo 2. Je lui ai bien pété la margoulette à un bon paquet de reprises et quand Diablo 3 a été annoncé, j’ai aiguisé ma hache pour aller lui faire un massage de mon cru.

Diablo, c’est mon copain. C’est parce que j’ai explosé le forfait 56k en voulant lui faire la peau qu’on est passés à l’ADSL à la maison. Diablo, j’aime quand il débarque parce qu’il y a un bon hack’n’slash à parcourir qui va avec. Alors ok, il est pas super sympa, il est plutôt moche, il n’a pas forcément l’air d’avoir inventé la poudre et il n’est peut-être pas non plus ultra-charismatique, mais son existence donne lieu à des aventures palpitantes où le sang de démon coule à flot en même temps que les pièces d’or et les armes, donc rien que pour ça, Diablo, merci. Je t’aime.

Numéro 2 : Le Clown Prince du Crime.

  

Mon grand drame avec les TFGA, c’est que les thèmes sont tels qu’il m’arrive (un peu trop souvent) d’avoir des idées pour d’autres médias que le jeu vidéo. Mais alors aujourd’hui, j’ai l’occasion de vous bassiner avec une tartine pas possible sur le Joker et je ne vais pas me gêner. HAHAHAHAHAHA !

Que ça soit dans son univers d’origine (les comics, pour ceux qui ne suivent pas), avec Killing Joke (MASTERPIECE, allez voir ce qu’un certain Koala a écrit dessus, c’est bien, c’est beau, c’est parfait, son article), Long Halloween ou Dark Victory ; que ça soit dans le cinéma avec le Batman de Burton, le Dark Knight de Nolan ou la série animée des années 90 de Timm et Dini. Le Joker est un personnage magnifiquement bien construit. Tantôt drôle, tantôt cruel, assoiffé de sang ou inoffensif, ses différentes incarnations ont en commun une certaine relecture d’un nihilisme a l’état pur.

C’est clairement un des méchants de fiction les plus impressionnants et charismatiques qui soient, si ce n’est le plus grand de tous (à mes yeux !).

Nolan l’a magnifiquement mis en scène par le biais du génial Heath Ledger qui nous a campé un Joker comme une force de la nature impossible à arrêter, un ouragan chaotique qui fait les choses parce qu’il peut les faire.

Mais je n’oublie pas le Clown incarné par Nicholson,  dont la prestation est restée jusqu’en 2008 (depuis 1989 tout de même, not bad) un maître-étalon qui a posé les bases du personnages de la série animé : un meurtrier haut en couleur à l’humour fatal et au rire dément.

C’est précisément cette facette qui est mis en scène dans la saga Batman Arkham (tout du moins dans la trilogie initiale, je n’ai pas joué à Arkham Knight, je n’en dirai donc rien), rien d’étonnant à ça puisque Paul Dini est aux commandes des deux premiers épisodes. Il nous a offert un Joker dans la lignée de ce qu’il avait créé au cours des années 90, mais dans une version plus violente et adulte. Là où celui du dessin animé faisait des attentats à base de gaz hilarants, celui d’Arkham est bien plus nettement un fou dangereux qui vous égorgera juste pour vous faire un sourire sur la gorge.

Et tout son sel tient dans le fait qu’il est le reflet tordu de Batman. Alors que l’un est sombre et broie du noir dès qu’il peut, l’autre est lumineux et hilare. Ils ont un génie équivalent, l’un pour semer le boxon, l’autre pour l’arranger. Batman tient là son ennemi le plus important, mais aussi le plus intime. Nombre de scénaristes ont joué sur leurs relations morales, un Joker perversement amoureux de Batman ? Un Batman qui réalise que les deux seront liés jusqu’à la mort ? Le duo a même parfois eu l’occasion de s’allier (c’est évidemment bien rare…), mais il n’en reste pas moins que le Joker a toujours considéré Batman comme un partenaire de jeu privilégié dont la disparition serait gravissime (même s’il essaye de le tuer dès qu’il en a l’occasion…). Ajoutons qu’il a tout de même à son compte plusieurs hauts-faits pas piqués des hannetons qui m’auraient donné envie de raccrocher oreilles et capes si j’avais été Batman (entre les assassinats de quelques personnages bien importants ou la participation très active à l’infirmité d’Oracle, ya de quoi se la prendre et se la mordre).

En somme, avec un tel méchant, il fallait faire un grand jeu. Batman Arkham Asylum est un chef d’œuvre maîtrisé de bout en bout. Le huis clos dans Arkham avec le Joker en voix off (Mark Hamill, génial), ça n’a pas de prix. Les suites sont malheureusement plus faibles de ce point de vue (Arkham City traite le personnage de manière assez dégueulasse à mon goût, même s’il a quelques moments qui sortent du lot, et Origins a le mérite de proposer une séquence assez sympa, mais c’est le seul intérêt du titre).

Toutefois, profitant de tout ce qui a été fait sur ce personnage, sa richesse et son grain de folie, il était hors de question qu’il n’ait pas de place dans ce top, il manque la première juste parce qu’il n’est réellement extra que dans le premier Arkham.

Numéro 1 : Arthas – Warcraft III.

  

 Côté dramatique, on est servi avec Arthas. A la façon d’un Anakin Skywalker dont les intentions initiales étaient pures, il se brûle rapidement les ailes pour devenir précisément ce qu’il combattait.

Ainsi, de paladin lumineux, défenseur de la veuve et de l’orphelin, il devient le sinistre Roi-Liche, pourfendeur du juste et réanimateur de cadavres à tour de bras. C’est quand même ballot.

Pourtant, le petit Arthas n’était pas forcément destiné à cela, bien au contraire ! Fervent disciple du paladin Uther, le prince est un soldat qui défend ses terres contre l’invasion du Fléau mort-vivant. Il remporte quelques batailles, défend des villes, mais finit aveuglé par son combat contre le mal. Dans sa paranoïa de voir surgir des zombies à chaque coin de rue, il ordonne le massacre total des habitants d’une ville jugée contaminée, s’aliénant ainsi le soutien de son mentor et de sa friend with benefits Jaina (à moins qu’elle l’ait juste collé dans la friendzone, j’ai jamais réussi à déterminer).

Mais il ne s’arrête pas là et fait de son combat une bataille d’égo face au démon Mal’ganis, qui semble à l’origine de tout ce foutoir. Avide de posséder la puissance qui lui permettra de triompher, il part dans les profondeurs des terres glacées de Northrend et trouve une épée maudite, promesse d’un pouvoir suffisant pour sauver son peuple et tuer Mal’ganis.

Le truc couillon, c’est qu’en s’emparant de cette épée, celle-ci dévore son âme, et il se retrouve au service du vrai patron du Fléau, Ner’Zul. Alors, ok, maintenant il a pu s’occuper du démon (et encore, il réapparaît dans World of Warcraft, v’là la puissance de ton épée, mec…), mais c’est une bien maigre consolation quand on voit qu’il massacre dans la foulée le peuple qu’il essayait de sauver, jusqu’à son propre père.

Par la suite, Arthas se retrouve à la tête du Fléau, ayant fusionné avec Ner’Zul, et les joueurs de World of Warcraft se sont retrouvés au pied de sa Citadelle pour lui botter l’arrière train. L’extension Wrath of The Lich King lui est dédié et le continent de Northrend est un souffle épique pour le jeu, le climax à mon humble avis, notamment porté par la classe du chevalier de la mort, suppôt d’Arthas qui gagne une conscience.

Bref, entre son côté dramatique façon « You either die a hero or you live long enough to see yourself become the vilain » (The Dark Knight, of course), ses pouvoirs démesurés (le mec ressuscite des armées entières en levant son épée, quoi. Et des dragons. DES DRAGONS.) et son goût certain pour la décoration (des crânes, des toiles d’araignées, c’est tous les jours Halloween à la Couronne de Glaces), Arthas est un méchant incontournable du jeu vidéo et j’ai bien hâte de le voir au cinéma (enfin, c’est pas pour tout de suite, le premier film traite d’une toute autre histoire).

Pour finir sur une singularité de mon top, vous noterez que tous ces méchants, à l’exception notable de Liquid (du moins jusqu’à présent, mais on attend de voir MGS5) ont été jouables! Ce qui nous laisse tout le loisir d’être aussi méchant qu’eux. Mouahahaha!